Résumé : Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, » servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.
Autrice : Margaret Atwood
Edition : Robert Laffont
Genre : Dystopie
Traduction : Sylviane Rué
Mon avis :
Il y a un moment que j’avais envie de lire La servante écarlate et cette envie avait augmenté au vue des critiques très positives de la série. Mais je ne me suis pas lancée avant que le texte de Margaret Atwood ne soit cité dans ma lecture de Sorcières de Mona Chollet. Cet extrait qui illustrait une idée dans l’essai, a été le déclencheur. Je me suis donc enfin lancée dans la lecture de cette oeuvre datant de 1985.
J’ai dévoré les 522 pages (incluant le postface de l’autrice ajouté dans l’édition limitée que je possède qui, soit dit en passant, est absolument magnifique). J’ai lu le livre en moins de deux jours. Si j’ai été un peu perturbée par moments par l’enchaînement de certains passages qui, selon moi n’étaient pas très bien raccordés (j’en ai compris l’origine ultérieurement, et ça donne encore plus d’impact au récit), cela ne m’a pas empêchée d’être happée aux côtés du personnage principal, de vivre avec elle son quotidien, de découvrir son monde et sa société à travers ses yeux. Elle nous déroule aussi des bouts de son passé, de sa vie telle qu’elle était avant, elle nous donne des aperçus. Elle essaye de comprendre comment les choses ont pu en arriver là, et à travers son récit, celui d’une femme lambda dans le monde d’avant, on essaye nous aussi de comprendre.
Les pensées et émotions de la narratrice n’ont que plus d’impact du fait qu’elle soit dans l’ignorance en ce qui concerne pas mal de choses autour d’elles. Elle n’était pas au cœur des complots, du gouvernement, de la résistance ou quoi que ce soit. Elle vivait sa vie, son quotidien, jusqu’à ce que celui-ci soit bouleversé, sans qu’elle n’ait vraiment pris au sérieux les signes avant-coureurs. Comme nous le ferions si cela nous arrivait aujourd’hui.
Parce que le plus dérangeant dans cette histoire, c’est que ce livre a beau avoir été écrit dans les années 80, il y a plus de 30 ans, la situation qui y est décrite n’en semble pas moins invraisemblable. Tout au contraire, on aurait presque l’impression qu’on s’est rapproché de cette possibilité.
Margaret Atwood décrit un monde dans lequel, dû à la pollution, la fertilité a diminué. Le solution de l’humanité à cela est simple : prendre le contrôle du corps des femmes. Leur ôter tout droit, toute identité, les réduire à leur corps. On retrouve ici deux problématiques que l’on ne peut pas nier être actuelles : la lutte des femmes pour conserver leurs droits sur leurs corps (contraception, avortement… le débat ne cesse de refaire surface) et la dégradation de notre environnement (nucléaire, pollution des océans, pesticides, fonte des glaces… ça ne fait qu’empirer). Bref, le contexte actuel ressemble fort à celui décrit par la narratrice avant le coup d’état qui a changé sa vie. Le reste du livre prend alors une dimension inquiétante.
Le fait que la narratrice soit une femme simple, une femme lambda, qui pourrait être n’importe laquelle d’entre nous en d’autres circonstances, le fait qu’elle ne soit pas parfaite, qu’elle fasse des erreurs, qu’elle soit parfois égoïste ou guidée parfois dans ses choix par des raisons telles que la peur, ne la rend que plus humaine, que plus universelle, et confère à son récit une dimension supplémentaire, celui d’un témoignage non pas d’une voix unique, mais d’une voix qui pourrait représenter chacune de ces femmes.
En bref : Une dystopie poignante et réaliste que je recommande vraiment.
Bonne lecture!
Xoxo!
J’ai vu la série avec ta chronique cela me donne envie de m’y mettre ^^
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Je n’ai pas vu la série encore, donc je n’ai pas vraiment de point de comparaison, mais en tous cas je ne peux que t’encourager à lire le livre, il a vraiment de l’impact.
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📖 Flash info livresque 📖 Un recueil anthologique de poésie de Margaret Atwood paraîtra le 18 juin aux éditions Bruno Doucey : « Laisse-moi te dire… Poèmes 1964-1974 ». Pour en savoir plus : https://www.editions-brunodoucey.com/laisse-moi-te-dire. 😊
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Oh je vais aller voir ça! Merci pour l’info !
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Avec plaisir ! 🙂
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