Résumé : Algernon est une souris dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de découpler l’intelligence. Enhardis par cette réussite, les savants tentent, avec l’assistance de la psychologue Alice Kinnian, d’appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d’esprit. C’est bientôt l’extraordinaire éveil de l’intelligence pour le jeune homme. Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l’amour qui naît entre Alice et lui achève de le métamorphoser. Mais un jour, les facultés supérieures d’Algernon commencent à décliner…
Auteur : Daniel Keyes
Traducteurs : Georges H. Gallet & Henry-Luc Planchat
Edition : France Loisir
Genre : Science-fiction
Mon avis :
Dans ce roman on suit Charlie à travers les compte-rendus qu’il écrit dans le cadre de l’expérience scientifique dont il est le cobaye. Au début du livre, son QI est inférieur à 68. C’est seulement une motivation hors du commun qui lui a permis d’apprendre à écrire, et qui lui vaut aussi d’être choisi pour ce protocole tout nouveau, uniquement testé auparavant sur des souris.
Les premiers compte-rendus sont écrits sans aucun respect pour l’orthographe, la grammaire, la conjugaison ou encore la ponctuation. On a une preuve visuelle du faible niveau de Charlie. Et à travers ses mots et ses idées plus que simples, on réalise que sa capacité de compréhension du monde et d’imagination sont extrêmement limités. Et l’on voit l’ensemble évoluer au fil des pages.
Il est attachant. Son envie de devenir intelligent, cet espoir, sont touchants. On sent aussi une grande gentillesse dans son innocence. On a envie de le protéger, et de couver cette bonté naturelle chez lui.
Puis on réalise à travers ce qu’il écrit à quel point le monde autour de lui est cruel. Un « arriéré » comme lui n’y a pas sa place. Il est moqué, insulté, utilisé. Et il n’en a absolument aucune idée. Il est protégé de la peine par son innocence… Jusqu’à ce qu’il comprenne. Avant même cela, j’ai eu de la peine pour lui, j’ai été révoltée. Mais quand j’ai vu à quel point ça l’affectait de se rendre compte de la vérité, j’ai pleuré.
On va ainsi suivre l’augmentation du QI de Charlie, sa découverte du monde. Il va faire face à des réalités qu’il n’avait jamais pu même imaginées. Il va aussi revoir toute sa vie sous un nouveau jour. Et plus son intelligence se développe, plus il perd son innocence. Découvrir le monde aussi laid qu’il l’est est un sacré coup et Charlie en voit sa personnalité bousculée.
En même temps qu’un bouleversement de son intelligence, une prise de maturité émotionnelle s’impose. Les deux ne vont pas nécessairement ensemble, mais elles ont un impact l’une sur l’autre. Ce sujet est adressé de manière à représenter la vraie évolution de Charlie.
Ce roman amène à considérer notre environnement sous un nouveau jour, il n’est clairement pas optimiste, et ce qu’il révèle de la nature humaine n’est pas des plus positifs. A un moment, Charlie se fait la réflexion que les gens qui n’oseraient jamais se moquer d’une personne née avec un handicap physique n’hésitent pas un instant à le faire d’un idiot. Comme s’il était moins qu’un humain. Comme si lui, avant son opération, n’avait pas réellement existé. Alors que ses souvenirs prouvent le contraire, et que chaque insulte, chaque mauvais traitement, bien qu’il ne les ai pas compris, il les a ressentis.
Comme Algernon, Charlie voit au bout d’un temps ses facultés décliner. Et le voir perdre petit à petit le contrôle de son cerveau, le voir régresser, lui voir enlevée cette normalité dont il avait tant rêver, c’est horrible. On en vient à se demander si cet éclair de lucidité dans sa vie n’a pas entraîné plus de douleur qu’autre chose. N’aurait-il pas été mieux s’il n’avait jamais connu l’intelligence?
Très clairement, ce roman m’a bouleversée. Il met en avant des aspects de la société, de la nature humaine dérangeants. Il apporte presque plus de questions que de réponses. Il pousse à s’interroger sur des questions philosophiques aussi. Charlie et Algernon, leur histoire, ne laissent pas indifférents. C’est pour moi une histoire que tout le monde devrait lire. Chacun y trouvera un intérêt sur un sujet différent, j’en suis sûre.
En bref : Des fleurs pour Algernon est exactement le genre de livres qui me fait aimer la lecture non seulement comme lieu d’évasion mais aussi comme support de réflexion, comme soutien au questionnement et surtout comme base de l’ouverture d’esprit.
Bonne lecture!
Xoxo!
Je retiens un point de ton avis qui ne m’avait pas particulièrement marquée à la lecture mais je que je trouve très juste : la reconnaissance des handicaps invisibles (entendu, non physiques) est une vraie problématique encore aujourd’hui et Daniel Keyes avait déjà une avance critique énorme en l’abordant à l’époque ! Souvent, si ça ne se voit pas, ça n’existe pas ; il faut être capable de se comporter normalement puisqu’on n’a pas de raison visible de ne pas le faire. C’est un tabou et ce roman le pointe très joliment du doigt, en effet !
J’adore aussi ce roman, qui apporte plein d’empathie pour son héros et une bonne dose de réflexion post-lecture.
J’aimeJ’aime
J’en garde un souvenir très poignant, mais aussi très dur. La critique de la société est rude mais tellement réaliste ce qui fait que la lecture est quelque fois difficile, mais il ne faut pas s’arrêter à cela.
J’aimeJ’aime